Le siècle bleu de Marseille : Edmond Astruc, peintre-aviateur (1878-1977)

Edmond Astruc est né à Marseille, le 4 novembre 1878. Il a 10 ans lorsqu’il signe son premier dessin. Elève de l’Ecole des Beaux-Arts de 1892 à 1906, il expose, cette année-là, Carrières d’argile à Saint-Henri, une grande toile où il affirme d’emblée le pouvoir de la couleur et son attirance pour le fauvisme. La carrière du peintre est lancée. Mais le jeune Edmond aime au moins autant la compétition et la vitesse que la peinture. Il suit avec passion l’aventure aérienne des frères Wright et, à leur image, il construit lui-même et seul son premier avion. Le prototype prend son envol à Calas (Bouches-du-Rhône) en 1909. L’année suivante, Edmond Astruc vole comme pilote d’essai puis, il devient chef pilote de l’école militaire d’aviation de Bron. En 1913, à Reims, il est victime d’un grave accident. C’est alors qu’il rencontre Henri Fabre. L’industriel marseillais vient d’inventer l’hydravion. Astruc entre aux Chantiers Henri-Fabre comme pilote d’essai. Si la passion de l’aviation monopolise alors presque toute son énergie, celle de la peinture ne l’a pas quitté. La peinture d’Edmond Astruc est même bouleversée par son aventure aérienne :

« Cette époque de ma vie passée dans l’aviation avait rajeuni et épuré ma vision », dira-t-il plus tard. « Il me semblait que ces années d’abstention pouvaient être fécondes si je savais en profiter, et je me remis à la peinture avec l’ardeur du renouveau et la volonté tendue vers un idéal. »

Au final, on doit considérer qu’Edmond Astruc fut peintre-aviateur, avec un trait d’union, et non peintre et aviateur. Les deux passions ont fini sinon par se confondre du moins par se servir l’une l’autre. De son aventure aérienne, il est revenu avec une couleur : le bleu Astruc, qui domine toute sa peinture. Edmond Astruc a aimé passionnément Marseille au point d’en faire son principal modèle. Son œuvre, qui va couvrir la presque totalité du XXe siècle, compte aussi quelques portraits, des natures mortes, des paysages provençaux et des paysages de montagne. Le 9 janvier 1977, âgé de 99 ans, l’artiste peignait encore à son chevalet une toile intitulée La Favière qui restera inachevée.

Le Siècle bleu de Marseille de Jean-Claude Garrigues , L’Harmattan, 2016, 146 pages 32,50 euros.

Le siècle bleu de Marseille – Jean-Claude Garrigues (editions-harmattan.fr)

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