• Les coups de cœur, février

    Les coups de cœur, février

    LIVRES

    Plus noir que noir de Stephen King

    « Noir c’est noir », on le sait, mais plus noir que noir ?… C’est King bien sûr, Stephen King. Pour ce nouvel ouvrage, dont la traduction paraît le 27 février chez Albin-Michel sous le titre Plus noir que noir, l’icône de la littérature américaine a de nouveau choisi la forme de la nouvelle. Un retour aux sources, en quelque sorte, pour cet écrivain prolixe, auteur de multiples best-sellers (une soixantaine de romans et de plus de deux cents nouvelles) pour beaucoup portés à l’écran. Carrie, son premier succès, on s’en souvient, fut d’abord une nouvelle avant d’être un roman puis un film de Brian De Palma Carrie au bal du diable.

    Voici donc rassemblées dans un nouveau recueil, douze nouvelles liées par la même pâte, celle du polar,  de l’étrange,  du mystère, du frisson, ou de l’angoisse sous toutes ses formes et ses degrés. Douze nouvelles liées aussi par le regard singulier que l’écrivain de Bangore dans le Maine pose sur ses personnages et, à travers eux, sur son époque. Car Stephen King est avant tout un grand naturaliste. Il observe ses contemporains, les scrute, les dissèque et d’un mot, au détour d’une phrase,  embarque le lecteur de la banalité d’un monde réaliste vers une atmosphère inquiétante, un monde halluciné. Le grand talent de Stephen King  réside donc dans  la bascule, dans sa capacité  à faire surgir, au cœur même de la normalité, un monde imaginaire. Le monde de Deux crapules pleines de talent qui ouvre le recueil , ou comment deux hommes ordinaires, associés dans la gestion de la décharge d’ordures d’une petite ville du Maine,  ont pu, au milieu de leur vie, connaître  chacun le succès, la célébrité et la gloire  dans deux domaines culturels différents : l’écriture et la peinture.  
    L’ étrange destin  de Willie le tordu : un gamin bizarre qui étudie les oiseaux  et les insectes morts et  qui enferme des lucioles dans une bouteille pour le simple plaisir de les voir s’éteindre  et mourir.  Le mauvais rêve de Danny Coughlin  ou L’Homme aux Réponses tranquillement assis sur le bord de la route, sous un parasol rouge et que Phil Parker eut la grande chance ou le grand malheur de rencontrer trois fois au cours de son existence.

    D’une page à l’autre, d’une nouvelle à la suivante, Stephen King multiplie les scènes d’une grande puissance visuelle, ces moments où l’histoire dérape, ou l’on perd complètement l’équilibre pour tomber dans l’inquiétante étrangeté, tout en sachant que l’on ne pourra plus faire machine arrière. Et on se laisse prendre à chaque fois.

    J.-C.G.

     Plus noir que noir de Stephen King aux éditions Albin Michel, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Esch. 624 pages, 24,90 euros. Plus noir que noir | Éditions Albin Michel

    Nouvelles de jeunesse : un inédit

    de Tennessee Williams

    Son nom était alors Thomas  Lanier Williams. Il venait, sur l’injonction de son père, de quitter l’université du Missouri, sans diplôme,  pour entrer dans la fabrique de chaussures de Saint-Louis dont Cornelius Williams était  le directeur des ventes. Il rejoignait aussi, sans  entrain, la maison familiale. C’était l’époque de la grande dépression. 1932, le chaos régnait à la fois dans le pays et dans la famille Williams. L’écriture allait permettre au futur Tennessee Williams (1911-1983)  d’échapper tant soit peu à l’absurdité de son travail d’employé de bureau et aux conflits familiaux. Les nouvelles qu’il écrit n’ont été publiées aux Etats-Unis qu’en 2023, pour le quarantième anniversaires de sa mort. Sept d’entre-elles viennent d’être traduites en français et publiées, ce mois-ci, chez Robert Laffont. Une vieille dame en guerre  avec deux pékinois farceurs ;  la première aventure, un peu pitoyable, d’un jeune garçon plutôt niais, au cours d’un camp d’été ; la nouvelle vie du révérend Houston ; Nathan découvre l’amour l’été de ses vingt ans ; … chacune de ces histoires recèle son lot de d’interrogations désabusées, tendres et humoristiques,  que le jeune homme pose sur le monde qui l’entoure, mais le grand portraitiste est déjà là, capable d’une phrase, d’un seul mot même, de camper un personnage, de peindre une ambiance.

    Ceux qui ont aimé, Un tramway nommé désir, La chatte sur un toit brûlant, ou Soudain l’été dernier, des textes portés à l’écran par les plus grands réalisateurs d’une génération, apprécieront sûrement ces écrits de jeunesse. On est là à la source de l’œuvre de l’un des plus grands dramaturges américains.

    J.-C.G.

    Nouvelles de jeunesse de Tennessee Williams, traduit de l’anglais ( Etats-Unis) par Aline Aziulay-Pacvoñ, aux éditions Robert Laffont. Coll. Pavillons. 160 pages, 19 euros. Préface de Tom Mitchell. www.laffont.fr


    Podcast

    1940-1944 : la Résistance racontée par ceux qui l’ont faite : un podcast à écouter en ligne | France Culture

    En 1940, comment résister après le coup de massue de l’armistice ? « 1940-1944 : la Résistance racontée par ceux qui l’ont faite », une série enregistrée en 1964, à peine vingt ans après la Seconde Guerre mondiale, propose des témoignages inédits de résistants au nazisme et au régime de Vichy.

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LIVRES

Plus noir que noir de Stephen King

« Noir c’est noir », on le sait, mais plus noir que noir ?… C’est King bien sûr, Stephen King. Pour ce nouvel ouvrage, dont la traduction paraît le 27 février chez Albin-Michel sous le titre Plus noir que noir, l’icône de la littérature américaine a de nouveau choisi la forme de la nouvelle. Un retour aux sources, en quelque sorte, pour cet écrivain prolixe, auteur de multiples best-sellers (une soixantaine de romans et de plus de deux cents nouvelles) pour beaucoup portés à l’écran. Carrie, son premier succès, on s’en souvient, fut d’abord une nouvelle avant d’être un roman puis un film de Brian De Palma Carrie au bal du diable.

Voici donc rassemblées dans un nouveau recueil, douze nouvelles liées par la même pâte, celle du polar,  de l’étrange,  du mystère, du frisson, ou de l’angoisse sous toutes ses formes et ses degrés. Douze nouvelles liées aussi par le regard singulier que l’écrivain de Bangore dans le Maine pose sur ses personnages et, à travers eux, sur son époque. Car Stephen King est avant tout un grand naturaliste. Il observe ses contemporains, les scrute, les dissèque et d’un mot, au détour d’une phrase,  embarque le lecteur de la banalité d’un monde réaliste vers une atmosphère inquiétante, un monde halluciné. Le grand talent de Stephen King  réside donc dans  la bascule, dans sa capacité  à faire surgir, au cœur même de la normalité, un monde imaginaire. Le monde de Deux crapules pleines de talent qui ouvre le recueil , ou comment deux hommes ordinaires, associés dans la gestion de la décharge d’ordures d’une petite ville du Maine,  ont pu, au milieu de leur vie, connaître  chacun le succès, la célébrité et la gloire  dans deux domaines culturels différents : l’écriture et la peinture.  
L’ étrange destin  de Willie le tordu : un gamin bizarre qui étudie les oiseaux  et les insectes morts et  qui enferme des lucioles dans une bouteille pour le simple plaisir de les voir s’éteindre  et mourir.  Le mauvais rêve de Danny Coughlin  ou L’Homme aux Réponses tranquillement assis sur le bord de la route, sous un parasol rouge et que Phil Parker eut la grande chance ou le grand malheur de rencontrer trois fois au cours de son existence.

D’une page à l’autre, d’une nouvelle à la suivante, Stephen King multiplie les scènes d’une grande puissance visuelle, ces moments où l’histoire dérape, ou l’on perd complètement l’équilibre pour tomber dans l’inquiétante étrangeté, tout en sachant que l’on ne pourra plus faire machine arrière. Et on se laisse prendre à chaque fois.

J.-C.G.

 Plus noir que noir de Stephen King aux éditions Albin Michel, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Esch. 624 pages, 24,90 euros. Plus noir que noir | Éditions Albin Michel

Nouvelles de jeunesse : un inédit

de Tennessee Williams

Son nom était alors Thomas  Lanier Williams. Il venait, sur l’injonction de son père, de quitter l’université du Missouri, sans diplôme,  pour entrer dans la fabrique de chaussures de Saint-Louis dont Cornelius Williams était  le directeur des ventes. Il rejoignait aussi, sans  entrain, la maison familiale. C’était l’époque de la grande dépression. 1932, le chaos régnait à la fois dans le pays et dans la famille Williams. L’écriture allait permettre au futur Tennessee Williams (1911-1983)  d’échapper tant soit peu à l’absurdité de son travail d’employé de bureau et aux conflits familiaux. Les nouvelles qu’il écrit n’ont été publiées aux Etats-Unis qu’en 2023, pour le quarantième anniversaires de sa mort. Sept d’entre-elles viennent d’être traduites en français et publiées, ce mois-ci, chez Robert Laffont. Une vieille dame en guerre  avec deux pékinois farceurs ;  la première aventure, un peu pitoyable, d’un jeune garçon plutôt niais, au cours d’un camp d’été ; la nouvelle vie du révérend Houston ; Nathan découvre l’amour l’été de ses vingt ans ; … chacune de ces histoires recèle son lot de d’interrogations désabusées, tendres et humoristiques,  que le jeune homme pose sur le monde qui l’entoure, mais le grand portraitiste est déjà là, capable d’une phrase, d’un seul mot même, de camper un personnage, de peindre une ambiance.

Ceux qui ont aimé, Un tramway nommé désir, La chatte sur un toit brûlant, ou Soudain l’été dernier, des textes portés à l’écran par les plus grands réalisateurs d’une génération, apprécieront sûrement ces écrits de jeunesse. On est là à la source de l’œuvre de l’un des plus grands dramaturges américains.

J.-C.G.

Nouvelles de jeunesse de Tennessee Williams, traduit de l’anglais ( Etats-Unis) par Aline Aziulay-Pacvoñ, aux éditions Robert Laffont. Coll. Pavillons. 160 pages, 19 euros. Préface de Tom Mitchell. www.laffont.fr


Podcast

1940-1944 : la Résistance racontée par ceux qui l’ont faite : un podcast à écouter en ligne | France Culture

En 1940, comment résister après le coup de massue de l’armistice ? « 1940-1944 : la Résistance racontée par ceux qui l’ont faite », une série enregistrée en 1964, à peine vingt ans après la Seconde Guerre mondiale, propose des témoignages inédits de résistants au nazisme et au régime de Vichy.